
Nous nous sommes connus à la fac ou dans des associations étudiantes il y a une vingtaine d’années. Nous avons milité ensemble pour lutter contre le racisme et la xénophobie, pour porter une voix juive républicaine.
20 ans plus tard, nous nous sommes réveillés le matin du 7 octobre sans voix, paralysés par l’effroi de découvrir un pogrom sous nos yeux en Israël, une terre à laquelle chaque juif de France est profondément attachée. Nous avons découvert un attentat d’une ampleur jusque là inconnue, avec une violence et un déchaînement de haine contre des juifs enfants, femmes, hommes, personnes âgées, que notre génération ne pensait pas connaître.
L’effroi nous a saisi dès le lendemain, quand une partie de la classe politique est restée silencieuse ou a justifié ces actes en évoquant la résistance. “Mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde” disait Camus. Ici et maintenant, cela attise la haine.
L’effroi nous a saisis quand des juifs ont été agressés, des tags antisémites ont fleuri aux quatre coins de l’hexagone, des adolescents ont revendiqué fièrement leur haine des juifs dans le métro devant des parisiens silencieux.
Nous n’aurions pourtant pas dû être surpris. Depuis le début des années 2000, les juifs de France font face à des actes antisémites sans précédent. Plusieurs attentats meurtriers ont touché la communauté juive. Des femmes, des enfants, des personnes âgées, des professeurs, ont été tués sur le sol français parce que juifs. Les juifs de France ont trop longtemps marché seuls avant la grande marche contre l’antisémitisme du 12 novembre dernier.
Nous ne nous tairons plus et nous ne nous terrerons plus.
Nous sommes de retour et nous ambitionnons de reprendre le combat pour défendre ce qui nous anime :
Porter une voix juive au cœur du débat démocratique
Lutter sans concession contre l’antisémitisme et le fanatisme sous toutes ses formes
Ne plus laisser les extrêmes occuper tout l’espace médiatique et public parce qu’il ne leur appartient pas.
Comme le dessine si justement Joann Sfar, “Haï, nous vivrons”.